L’auteure-illustratrice japonaise Ikuko Ikeda a toujours rêvé d’avoir un partenaire avec qui créer un livre. Ayant commencé par illustrer des histoires racontées par son père, ce dernier lui a par la suite présenté sa première coéquipière également japonaise : Izawa You.
C’est ensemble qu’elles ont créé La Chenille, parue sur Whisperies. En 2015, Ikuko découvrait notre plate-forme grâce à Sylvie Lavoie. Elle réalisa avec cette auteure sa première histoire sur le site : La Visite du père Noël. Si la majorité de ses histoires dédiée à un public plus grand est encore soigneusement rangée au fond d’un tiroir, elle a déjà à son actif plusieurs livres jeunesse. Et, avec la naissance de son fils, les idées d’histoires pour enfants risquent fort de foisonner ! Plongeons quelques instants à la découverte de cette auteure pleine de surprises !
IKUKO IKEDA
Des inspirations qui remontent à l’enfance
Il était une fois une famille très pauvre. La mère, qui avait accouché de triplés, n’a pas les moyens de les élever. Elle confie alors deux de ses enfants à son frère mais l’une des filles, Anna, est kidnappée et atterrit dans une banlieue parisienne. Elle est élevée par son kidnappeur ainsi que par un jeune garçon, otage lui aussi. Ensemble, ils forment bientôt une piètre famille de délinquants. L’homme et le garçon, arnaqueur ou pickpocket, se font régulièrement prendre sur le fait. Quant à Anna, elle excelle dans son rôle de voleuse. Un jour, elle rencontre une petite fille du même âge, très mystérieuse. Celle-ci habite dans un appartement vide impossible à cambrioler, dialogue avec les animaux, a des dons de guérison et surtout, elle est très gentille ! Cette rencontre bouleverse la vision du monde d’Anna.
Voici l’une des histoires qui inspira en premier Ikuko. Pourtant, nulle part où la trouver. Elle provient de l’imagination débordante de son papa ! Lorsque l’illustratrice, alors toute petite fille, commence à apprendre l’alphabet, son père crée le personnage d’Anna. Tous les soirs, une nouvelle aventure lui donnait ensuite vie, pour le plus grand plaisir d’Ikuko, émerveillée.
IKUKO IKEDA
Un début avec les plus grands.
Plus tard, la jeune femme trouve son inspiration auprès d’une multitude d’artistes. Charles Baudelaire, Bernard Werber, Amélie Nothomb, Paul Verlaine… ses amours littéraires sont éclectiques ! Elle s’intéresse également de près à la philosophie, avec les oeuvres de René Descartes ou Averroès par exemple. Mais ne l’oublions pas, Ikuko a des racines japonaises profondément ancrées en elle. Côté Japon donc, ce sont plus des mangakas (auteurs de mangas) qu’elle apprécie, comme Kurumada Masami, Shinohara Chie ou Takahashi Rumiko. Et lorsque son regard se tourne vers l’art visuel, c’est aux peintres Monet et Magritte ou aux animations japonaises des studios Ghibli et Shaft que vont ses préférences.
IKUKO IKEDA
Une illustratrice dans l’âme
Au-delà de ses inspirations érudites, Ikuko s’associe pourtant très simplement à un personnage de ses histoires. Elle se confie à nous :
La Chenille qui avait peur de grandir, c’est un peu moi. Je tiens à témoigner qu’il faut oser grandir et surtout il faut grandir pour oser réaliser ses rêves !
Son père, chroniqueur culinaire et écrivain, créait des articles dans un magazine japonais ainsi que des guides touristiques. Sa mère, elle, illustrait entre autre les écrits de son père. La passion d’Ikuko lui est donc naturellement venue de ses parents et à quatre ans à peine, elle inventait et illustrait sa première histoire.
Comme c’était une fillette regorgeant d’imagination, passer par l’illustration l’aidait à montrer ce qu’elle ne pouvait mettre en mots. Elle nous raconte par exemple qu’à six ans, elle s’est rêvé un monde où elle allait chercher ses parents, enlevés par des extraterrestres. Ceux-ci, loin d’être méchants comme elle le pensait au début, kidnappaient les humains car ils voulaient des amis. Ses parents organisaient alors une fête avec ces créatures d’une autre planète. Afin d’extérioriser ce petit univers qu’elle avait dans la tête, elle l’a dessiné sur une feuille blanche.
En grandissant, la passion d’Ikuko a pourtant connu quelques freins. À sa naissance, ses parents ont été remplacés par un autre couple auteur-illustrateur au sein du magazine. L’artiste nous avoue que, n’ayant pu retrouver de travail, son père s’est renfermé dans la tristesse. Homme au foyer, il passait l’essentiel de son temps à fuir la réalité. Sa mère a dû abandonner sa carrière d’illustratrice. Abîmés par leurs expériences respectives, ils ont tout fait pour éloigner Ikuko du monde de l’illustration. Voyant sa fille passionnée, sa mère a tout de même fini par la soutenir dans l’ombre. Par la suite, quelques rencontres heureuses ont poussé la jeune femme à entrer dans une école d’art puis à suivre ses rêves.
Ce qui m’a décidée à devenir papillon, c’est mon mari. Il m’a soutenue dans tous mes projets et croit toujours en moi, même si pour le moment, je ne suis pas encore un énorme papillon. Mais j’y travaille ! Ce que je regrette, c’est que mon père n’a jamais pu me voir heureuse avec mon premier livre publié. Mieux vaut tard que jamais mais j’ai réalisé que devenir papillon est essentiel pour réussir à être heureux et rendre heureux les gens qu’on aime.
Voilà une très belle conclusion pour clore le parcours d’Ikuko qui, on en est sûrs, lui réserve encore de magnifiques surprises.
IKUKO IKEDA
Et les étapes de création alors ?
Les idées d’Ikuko viennent à elle d’une drôle de façon : quand elle dort !
Lorsque l’illustratrice rêve, c’est un peu comme si elle regardait un film.
En fait, à chaque fois que je dors, c’est un peu comme si j’allais au cinéma ! Il y a toujours une histoire qui se déroule. Des fois c’est drôle, d’autres fois émouvant, ou même effrayant, un peu comme un film d’horreur, et non pas comme un cauchemar.
Bon, bien sûr, elle n’échappe pas aux rêves sans queue ni tête que nous faisons tous, ou au trous noirs, mais cela reste rare ! Une fois qu’elle a puisé ses idées dans ses films nocturnes, il lui faut les mettre en pratique. Elle en écrit tout d’abord les lignes principales pour ne pas laisser l’histoire s’échapper. Puis elle attend quelques jours, le temps qu’il faut pour que les détails mûrissent dans sa tête. Ce n’est qu’après, une fois qu’elle se sent prête, qu’elle se lance dans l’écriture d’un seul jet. Elle peut y passer des jours entiers, pourvu qu’à la fin son histoire soit achevée !
Lorsqu’elle est sollicitée pour ses illustrations, elle procède différemment. Ikuko commence par s’imprégner du texte dans sa globalité en imaginant l’histoire dans sa tête. Parfois, rien ne se passe. Mais d’autres fois, un nouveau film démarre et les personnages prennent vie derrière le voile de ses yeux. Elle peut alors commencer à poser quelques traits sur le papier pour les proposer à l’auteur avec lequel elle travaille. Une fois qu’ils se sont mis d’accord, elle scanne ses esquisses et les colorise sur ordinateur, avant de renvoyer de nouveau ses dessins à l’auteur. Si tout le monde est d’accord, elle réalise ensuite toutes les illustrations d’une traite, comme pour ses histoires !
IKUKO IKEDA
Une femme aux nombreux talents
Ikuko n’est jamais à court de projets, ses idées bouillonnent. Des illustrations, des histoires qu’elle pioche au fond de ses tiroirs ou de ses disques durs… En ce moment, elle travaille par exemple sur une ébauche de bandes dessinées destinées à un public plus grand. Mais elle a aussi d’autres cartes dans sa manche, comme des albums jeunesse pour son fils.
Je pense surtout à lui lorsque j’écris aujourd’hui : j’aimerais lui faire passer tout plein de messages pour qu’il s’épanouisse et soit heureux toute sa vie.
L’artiste est également revenue à ses amours pour la poésie qu’elle avait remisée au fond d’un placard en 2002, après avoir reçu un certificat d’excellence de la ville d’Abbeville dans ce domaine.
Mais l’écriture et les illustrations sont loin d’être ses uniques casquettes. Ikuko s’intéresse également à la photographie. Récemment, elle s’est lancée dans la traduction français-japonais et dans l’édition. En tant que jeune maman, elle aime aussi cuisiner de petits plats pour son garçon… et, en grande gourmande, les déguster ! Ces multiples facettes prouvent néanmoins une chose : la jeune femme reste définitivement une artiste dans l’âme !
Ces quelques lignes auront permis de partir à la rencontre d’une auteure-illustratrice de talent que nous sommes heureux de compter parmi nos Whisperers !
Côté nouveauté, j’ai enfin commencé à m’atteler à mes projets personnels de manga/bandes dessinées. L’année dernière, j’ai sortie « Le début de la faim », une bd humoristique familiale mettant en scène des parents avec un enfant qui mange un peu trop… et pour février 2020, une autre bd, dans un tout autre registre est prévue. C’est la BD « Invasion » qui est une histoire sérieuse et psychologique débutée en 2012 et enfin terminée en 2020.
Si cet article vous a mis l’eau à la bouche, vous pouvez découvrir ou re-découvrir toutes les histoires d’Ikuko sur Whisperies ! Notamment le conte traditionnel « À partir d’un brin de paille »
Si vous aussi vous êtes passionné(e) par l’écriture ou l’illustration,
alors venez réaliser votre rêve à nos côtés !
– Je crée mon histoire pour enfant ! –
À vos plumes, amis Whisperers, jouez avec les idées,
jonglez avec les mots et remuez votre imagination délirante !